Regards croisés sur les enjeux de la 5G pour l’Afrique, les Multinationales et les Grandes Puissances

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Regards croisés sur les enjeux de la 5G pour l’Afrique, les Multinationales et les Grandes Puissances

01

juil. 2020

Regards croisés sur les enjeux de la 5G pour l’Afrique, les Multinationales et les Grandes Puissances

Les experts et analystes sont unanimes. La 5G promet des ruptures qui bouleverseront radicalement nos vies et la façon dont nos villes fonctionnent. Des millions de devices et d’objets connectés feront partie de notre quotidien.

De Nairobi à Dakar en passant par Lagos et Abidjan, les économies locales sont boostées par l’omni-présence du numérique. Si les conversations sont peu abondantes autour de la 5G dans le grand public africain, c’est justement parce que les opérateurs télécom et les Etats se veulent prudents quant au calendrier de déploiement de la 5G. La quasi totalité des opérateurs africains est toujours en train de récupérer les investissements effectués pour certains sur la 3G et pour d’autres sur le LTE et la 4G du fait du coût élevé des licences.

 

L’Afrique est elle réellement prête pour la 5G

Le Cabinet BridgAfricA, spécialiste du Conseil, de la Stratégie et des Réformes estime que l’Afrique accusera un retard d’environ 3 ans pour le déploiement d’offres grand public. Il faudra par ailleurs patienter 4 à 5 ans pour pouvoir dépasser un taux de pénétration de 3%. Du côté de l’équipementier chinois Huawei, on se veut un peu plus optimiste. Il est même envisagé pour l’Afrique un déploiement graduel par l’ajout de module 5G aux différents réseaux 4G existants. Cela ne devrait pas poser beaucoup de problèmes vu que l’équipementier chinois détiendrait 40% du réseau 4G existant en Afrique contre 28% en Europe. L’expérience du Lesotho, premier pays africain à avoir lancé la 5G avec la multinationale Vodacom doit nous inspirer à définir nos propres modèles.


Multinationales et les Sociétés Tech face à là 5G…

Contrôler la data ou périr, pourrait être le nouveau let motive commun à toutes les sociétés. Les entreprises, aujourd’hui sous l’ère de l’information accessible et à profusion, font régulièrement face à des défis liés à la collecte, au traitement et à la restitution de l’information. Les sociétés les plus puissantes seront des organisations évoluant autour de la data. Qu’on soit customer centric ou product oriented, l’actif stratégique de ses sociétés reposera sur la Data. A l’évidence, parler de 5G ne se résumera plus uniquement à la meilleure expérience utilisateur ou à la rapidité de téléchargement des données sur son smartphone. C’est aussi et surtout une évolution des communications Homme-Machine, Machine à Machine, la robotique avancée et l’intelligence artificielle. Voici tout l’enjeu de la 5G; plus de productivité, une meilleure réaction dans la capacité à délivrer de meilleurs services. Cependant tout cet engouement a naturellement besoin d’un encadrement et d’une réglementation internationale.

Quelle régulation internationale dans un contexte de géopolitique?

La 5G et le choc des grandes puissances.

Les nouvelles technologies représentent un enjeu économique stratégique pour les Etats. Lorsque les américains remportaient la course à la 4G il y a une dizaine d’années, cela a boosté le GDP d’ à peu près 100 milliards de dollars. Avec la 5G, les retombées attendues sont bien plus grandes. Si les US remportent cette course – ce qui semble compromis – cela créera des millions d’emplois et apporterait au pays la bagatelle de 500 milliards de dollars.

Les enjeux ici vont au delà de l’économie ou la rapidité de téléchargement. La 5G est perçue à la fois comme un moyen d’influence économique, politique et militaire. Le domaine de l’information est depuis toujours le terrain par excellence de la compétition mondiale. Pas étonnant si les réseaux internet et informatiques sont devenus l’espace dominant où les puissances exercent leur rivalité.

Parmi ces différentes influences: US, Japon, EU, Chine, Corée du Nord et du Sud, CIS, LATAM, MENA, SSA, la Chine est présentée comme l’acteur le plus visible de cette course. Une position dominante justement revendiquée dans la construction et la mise en opération des infrastructures réseaux. En effet pour construire un réseau 5G, on aura besoin d’un nouveau type d’équipements et d’appareils. Et c’est la chine aujourd’hui qui fournit le plus d’équipements et devices au travers des sociétés ZTE et Huawei.

La dernière citée sera perçue à tort ou à raison comme un acteur à la fois dominant et malicieux de l’industrie des technologies de l’information au point de polariser la relation entre les Etats Unis, ses alliés et la chine. Les analystes conviennent à juste titre que la technologies 5G la plus avancée provient de la société Huawei. Et parce que Huawei est une société chinoise, des gouvernements affichent de vives reticences liées à la sécurité des données. Pour les Etats Unis et l’occident il s’avère important de contenir la menace mais aussi de promouvoir la vision d’une technologie 5G qui respecte des valeurs et principes forts:

– la conformité aux lois et regulations

– la liberté d’expression

– la liberté de religion

– l’ouverture équitable et réciproque au marché

Du côté de la chine, Huawei a massivement investi dans des activités de recherche et développement autour de la 5G au point de réclamer une avance de 18 à 20 mois sur ses concurrents. Cette avance, c’est aussi la capacité qu’a Huawei de faire face aux grandes questions et aux problèmes liés à une performance opérationnelle mondiale débouchant sur plus d’un millier de nouveaux brevets. A ce rythme est il raisonnablement possible de contenir la domination ? Les opérateurs et Etats pourront-ils se passer de Huawei ?

Source : Jean Jacques Gossan

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